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 Les enjeux de la réforme des retraites

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Erfëa

Erfëa


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MessageSujet: Les enjeux de la réforme des retraites   Les enjeux de la réforme des retraites Icon_minitimeVen 25 Juin - 0:58

Il faut avant tout souligner que le système français est un système particulier, si bien que bon nombre d'économistes ont pu affirmer (en particulier avant la crise économique actuelle) que c'était une anomalie qu'il serait bon de supprimer.
Pourquoi?
Parce que le système de retraites français, mis en place au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, repose sur la solidarité et l'altruisme intergénérationnel. Pour le dire simplement, le régime français est un régime de retraite par répartition : les cotisations sociales payées aujourd'hui financent les retraites aujourd'hui, ouvrant un droit à toucher demain une retraite payée par les salariés de demain.
Ce système s'inscrit dans la logique de l'Etat-Providence, puisque c'est lui qui garantit que ceux qui payent aujourd'hui toucheront bien demain leur retraite. Il protège de plus chacun contre les accidents de la vie", comme nous allons le voir. En revanche, il a le défaut de ne pas permettre à chacun de "maximiser" sa pension de retraite, puisqu'on ne peut pas, par exemple, décider de payer davantage de cotisations pour toucher davantage de pension (même si on a un système de retraite complémentaire par point annexe au système par annuité, lequel représente en quelque sorte un "plancher"). Néanmoins, bien que l'âge légal de départ à la retraite soit de 60 ans, il est possible pour ceux qui le souhaitent de travailler au-delà (comme Guy Roux, le héros du président Sarkozy)

Cependant, ce système n'est pas le seul, et on le distingue du système dit par capitalisation, qui repose lui sur l'arbitrage intertemporel des individus. On parle alors d'une retraite par capitalisation : au cours de sa vie, l'individu ne consomme pas tout son revenu et en épargne une partie. Cette épargne, une fois placée, servira à financer la retraite une fois que l'individu retiré de la vie active n'aura plus pour seule ressource que son épargne personnelle. Ce système a le mérite de permettre une individualisation des retraites, autrement dit, chaque individu maximise son revenu (et partant, son bien-être, puisque le bonheur est dans la consommation, comme le dit si bien la théorie économique), ce que ne permet pas le système par répartition. En revanche, il est soumis aux fluctuations économiques, puisque les rendements de l'épargne dépendent du taux d'intérêt en vigueur dans l'économie.

En France en réalité, le système est mixte, puisque les assurances complémentaires et autres mutuelles peuvent parfois permettre une certaine forme de capitalisation. Néanmoins, le régime de répartition est la norme pour tous. Certains économistes ont pu prôner l'abandon de ce régime au profit du régime par capitalisation, notamment au nom de la théorie du cycle de vie (je ne l'expose pas pour le moment, ce serait trop long) de Modigliani. Etrangement, on les entend beaucoup moins depuis que des fonds de pension américains se sont crashés, compromettant le versement des retraites de ses membres, ou que des cadres norvégiens ont perdu leur emploi et leur retraite future, le jour où leur entreprise fit faillite.


Pourtant, on entend sans cesse parler aujourd'hui d'une "crise du régime des retraites français" à venir, pourquoi?
Cela vient des projections actuelles faites sur le régime des retraites, qui sont très mal expliquées au grand public actuellement.
Ainsi, ce qu'ont en tête tous les types qui parlent à la télé de cette "crise", c'est (normalement, s'ils ne sont pas trop malhonnêtes) cette équation :

Cotisations = Prestations. L'équilibre du régime des retraites.

Ca a l'air tout simple, mais ça ne l'est pas tant que ça.

En effet, il faut voir ce qui détermine d'un côté les cotisations, de l'autre les prestations.

Cotisations = taux de cotisation x revenu moyen d'activité x nombre de cotisants.
Prestations = pension moyenne x nombre de retraités.

Le taux de cotisation, c'est la part qu'on prélève sur le salaire brut. Pour le reste, je crois que c'est assez évident.

A partir de là, on peut faire joujou avec les équations en faisant des produits en croix, pour trouver de nouvelles équations qui permettent de synthétiser tout ça.
Ainsi, on peut montrer que, à l'équilibre :

taux de cotisation = (pension moyenne/revenu moyen d'activité) x (nombre de retraités/nombre de cotisants).

A partir de là, on peut continuer à faire joujou en décomposant le ratio de dépendance économique (nombre de retraités/nombre de cotisants), en mettant en évidence que les cotisants sont des actifs employés, tandis que les retraités sont des inactifs parmi la population en âge d'être à la retraite, mais ça complique peut-être alors la compréhension.

Que nous apporte cette équation?
On a dit que la cotisation ouvre un droit à la pension de retraite. Cependant, cela dépend ici du mode de calcul. Ainsi, alors que jusqu'au début des années 1990, le calcul de la pension correspondait à la moyenne des dix meilleures années de travail, on a réduit la pension en passant le calcul sur la moyenne des vingt-cinq meilleures années. Dans un contexte de détérioration de la norme d'emploi salarié au CDI à temps plein, ça a effectivement bien fonctionné.

Ensuite, on voit qu'avec le papy boom, la masse des retraités va augmenter, d'autant plus que ceux-ci vont vivre plus longtemps qu'auparavant. Si l'on veut maintenir une pension moyenne constante (autrement dit verser les mêmes retraites aux retraités de demain), il faut donc agir soit sur le terme de gauche, en augmentant le taux de cotisation (en gros, prélever davantage sur le salaire), soit sur le nombre de cotisants. On peut remarquer que l'augmentation du taux de cotisation est une solution alternative qui n'est pas du tout évoquée aujourd'hui pour un possible retour à l'équilibre. Pourquoi ce silence? Parce que cela implique de revenir sur le partage de la valeur ajoutée entre salariés et employeurs, partage qui ne va pas dans le sens des intérêts des lobbies qui soutiennent la droite, tout simplement...

On préfère donc (officiellement) accroître le nombre de cotisants, et pour ce faire, le gouvernement actuel veut agir sur l'âge du départ à la retraite (de 60 à 63 ans), qui permet à la fois de réduire le nombre de retraités (on part à la retraite plus tard), d'accroître le nombre de cotisants (même raison). Mais en fait, cela aura surtout pour conséquence de réduire la pension moyenne : les problèmes des seniors pour rester sur le marché du travail sont notoirement connus, d'où la mise en place des pré-retraites. Le levier sur lequel on joue donc indirectement est en réalité la baisse des pensions (malgré le déni du gouvernement).
Evidemment, on nous vend ça sous couvert idéologique : "on vit plus longtemps, il est donc normal de travailler plus longtemps" (c'est en plus parfaitement dans la logique de "travailler plus pour gagner plus", c'est chouette non?). Mais au final, ça n'en reste pas moins un bête problème d'ajustement économique entre différentes variables, à laquelle on préfère une solution "par le bas" plutôt qu'une solution "par le haut" (par exemple en favorisant la hausse des salaires).


Du coup, on voit bien qu'à l'évidence la question de la dette n'a a priori aucun rapport avec tout ça (d'autant plus que les comptes sont jusqu'à aujourd'hui globalement équilibré). La question du régime des retraites peut néanmoins amener à des débats qui, au-delà des simples questions économiques, portent sur des questions d'ordre plus "sociétales" : faut-il réellement faire du travail une "valeur" centrale de la société, devant celles de la solidarité intergénérationnelle, par exemple?

Je signale au passage que le système actuel reste d'une opacité relative, la plupart des individus ne prenant connaissance du montant auquel ils ont droit qu'à l'approche de la retraite, voire au moment de la retraite. C'est pourquoi des initiatives de clarification ont pu être proposées par certains économistes tels que Thomas Piketty, favorables à la mise en place d'un système de "points" qui permettraient aux individus de connaître à tout moment le montant auquel ils ont droit. Il s'agit ainsi pour les individus de pouvoir faire valoir leurs droits devant l'Etat, ce que le système actuel permet difficilement à l'heure actuelle. Néanmoins, ce système aurait pour désavantage de produire une baisse sensible des pensions, en comparaison avec le système d'annuités et de points actuels. Ce qui est susceptible d'accroître les inégalités intergénérationnelles, d'autant plus que les retraités ne bénéficient pas du partage des gains de productivité (l'indexation des retraites se fait sur les prix et plus sur les gains de productivité).
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Pouet Pouet Tartiflette
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MessageSujet: Re: Les enjeux de la réforme des retraites   Les enjeux de la réforme des retraites Icon_minitimeVen 25 Juin - 2:21

Citation :
faut-il réellement faire du travail une "valeur" centrale de la société, devant celles de la solidarité intergénérationnelle, par exemple?
Non. Les enjeux de la réforme des retraites 302602 Enfin moi je ne verrais jamais le travail comme une valeur ou un but en lui même. On travail pour vivre et non le contraire. Je ne suis pas une fourmi quoi.

Enfin moi je ne vois pas en quoi c'est une anomalie d'être "solidaire" quoi, je suis d'accord qu'après ça cause des problèmes mais bon, je préfère l'égalité et la fraternité à la liberté, et de loin.

Par contre c'est vrai que c'est chaud le fait qu'on risque d'avoir beaucoup de sales vieux pour moins de sales jeunes. Enfin moi perso j'aime bien le principe de "on cotise actuellement pour payer les vieux actuels", même si ça a des défauts. Après c'est clair qu'il faut trouver un compromis fiouloulou.
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Haganeren
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MessageSujet: Re: Les enjeux de la réforme des retraites   Les enjeux de la réforme des retraites Icon_minitimeDim 27 Juin - 16:06

L'économiste de PK a écrit:
Du coup, on voit bien qu'à l'évidence la question de la dette n'a a priori aucun rapport avec tout ça (d'autant plus que les comptes sont jusqu'à aujourd'hui globalement équilibré).

Eh? On a une dette et les comptes sont équilibrés?
Comment ça se peut ça?

Sinon ton article est vraiment super intéressant, j'ai pris bonne note de plein de chose pour un potentiel futur débat avec Valcorm... >>

Sinon bah, bon type de gauche que je suis, le travail = la valeur, j'ai toujours trouvé ça ridicule. Chopper une partie de mon salaire pour financer la retraite d'autrui, ça me parait tellement plus... Je sais pas... Naturel?
Quitte à baisser mon fric, j'entends.

En tout cas, je retiens surtout qu'il y'a une autre solution qu'augmenter le nombre de cotisant et que l'on s'est bien gardé de nous informer de la chose...

Au fait Erfëa, tes articles sont excellents... Il manque plus qu'une petite image un petit truc histoire de le rendre plus attrayant... Peut être... (Oui, tout ce que tu n'as pas pu dessiner sur ta copie, tu peux le faire ici! :P )
Sinon bah écoute, continue!
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Erfëa

Erfëa


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MessageSujet: Re: Les enjeux de la réforme des retraites   Les enjeux de la réforme des retraites Icon_minitimeLun 28 Juin - 1:47

Merci du compliment x). Je vais essayer de reprendre point par point les différentes choses qui t'ont posé problème parce que ça renvoie à des sujets très différents, également délicats.

Citation :
Eh? On a une dette et les comptes sont équilibrés?
Comment ça se peut ça?

Alors en fait, la question de la dette est une question épineuse car elle pose le problème de la mesure.
La dette brute en effet s'élève à 78% du PIB en 2010 (alors que le Pacte de Stabilité et de Croissance prévoyait de la contenir à moins de 60% du PIB, pour des raisons que je développerai ultérieurement si nécessaire, mais on en trouve déjà des explications dans mon article sur la crise économique contemporaine).
En fait, cette dette brute mesure l'ensemble des dettes de l'Etat, qui sont généralement symbolisées par les titres de créance de l'Etat envers ses créanciers (les bons du Trésor notamment). Quand on dit que la dette d'un nouveau né français serait de 17 000 euros, c'est cela qu'on veut exprimer. Mais elle est "brute", car elle ne tient pas compte de l'actif de l'Etat, c'est-à-dire des dettes que les autres acteurs ont envers elle, mais aussi de son patrimoine. Cela va des actifs financiers dans les entreprises publiques, voire dans certaines entreprises clefs, à du patrimoine pouvant difficilement être revendu (les installations des universités par exemple).
Si on tient compte de cette "dette nette", on a alors un excédent qui permettrait à un enfant de naître avec un patrimoine de 20 000 euros. Cela permet de relativiser les choses.
Il faut qui plus est prendre d'autres paramètres en compte dans la question de la dette, notamment celle de la soutenabilité de celle-ci. La soutenabilité est liée à la confiance qu'ont les agents en la capacité de l'Etat à rembourser sa dette. Plus la dette paraît soutenable et plus la demande de dette est forte (ainsi, l'emprunt Balladur de 1995 a été couvert trois fois). Cela peut néanmoins devenir catastrophique dans des Etats économiquement plus fragiles (comme l'illustre à merveillse le cas grec).

Citation :
Sinon bah, bon type de gauche que je suis, le travail = la valeur, j'ai toujours trouvé ça ridicule. Chopper une partie de mon salaire pour financer la retraite d'autrui, ça me parait tellement plus... Je sais pas... Naturel?
Quitte à baisser mon fric, j'entends.
Disons que la problématique de "la valeur travail" n'est pas complètement infondée en économie, chez les économistes classiques (l'école anglaise qui émerge fin XVIIIème siècle). Ce sont des types qui se posent la question de la richesse, et qui du coup tentent d'en trouver un fondement objectif. Or, ce qui crée les biens à l'époque, c'est le travail, donc le travail est la source de la valeur dans l'économie.
Mais bon, ça n'a rien à voir avec la théorie de la valeur travail aujourd'hui, qui est un discours idéologique visant à indiquer que le travail doit être la valeur dominante de notre société. On a là quelque chose de fondamentalement opposé à la démarche économique justement.
Ensuite, en ce qui concerne l'idée de "prendre une partie de ton salaire pour financer la retraite d'autrui", il faut prendre en compte deux paramètres.
1) Certes, tu perds en salaire net en cotisant davantage. Mais réciproquement, tu acquiers un avantage sur ton "salaire socialisé", puisque cela t'ouvre la possibilité d'une pension supérieure à venir, théoriquement.
2) En revanche, là où ça l'est moins, c'est que cela implique de revoir le partage de la valeur ajoutée entre salariés et capitalistes. Pourquoi? Parce que les salariés retraités sont beaucoup plus nombreux que les retraités capitalistes. Elever les cotisations revient donc à faire payer davantage les capitalistes pour financer les pensions des retraités salariés (entre autre). Voilà qui explique pourquoi on n'entend pas du tout parler de cela.

Citation :
En tout cas, je retiens surtout qu'il y'a une autre solution qu'augmenter le nombre de cotisant et que l'on s'est bien gardé de nous informer de la chose...
D'autant plus qu'il est illusoire de croire qu'accroître le nombre d'années de cotisation va faire augmenter le nombre de cotisants. Au vu des chiffres du chômage chez les seniors, le levier va davantage être celui de la baisse des pensions par le recours au pré-retraite, qu'un allongement effectif de la durée du travail.


Oh et euh, en effet je mettrais peut-être des images à venir, même si en l'occurrence pour le système des retraites il n'est pas nécessaire de mettre des petits graphiques... Je posterai peut-être néanmoins un jour l'abaque du COR (Conseil d'Orientation des Retraitres), qui présente différents scénarios pour retrouver l'équilibre des comptes de retraite à l'horizon 2020.
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Val
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MessageSujet: Re: Les enjeux de la réforme des retraites   Les enjeux de la réforme des retraites Icon_minitimeLun 28 Juin - 13:06

Ouah. Promis je répondrais à tout ça après le concours, là j'ai même plus le temps d'aller chier.
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MessageSujet: Re: Les enjeux de la réforme des retraites   Les enjeux de la réforme des retraites Icon_minitime

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